jeudi 30 septembre 2010

résumé du livre


Une série d'attentats ensanglante le Moyen-Orient au cours de l'hiver, ciblant tout particulièrement les intérêts français. Pourquoi les services secrets français s'intéressent-ils tant à une jeune documentaliste parisienne? Cette jeune femme sans histoires pourrait-elle les conduire vers la tête d'un réseau terroriste? Du jour au lendemain, là voilà propulsée au cœur d'un Moyen Orient en ébullition, où le danger surgit là où s'on y attend le moins. De la Jordanie au Liban, en passant par Israël et la Cisjordanie, l'enquête plonge dans les milieux nationalistes palestiniens, où les plus nobles figures côtoient d'authentiques criminels. Tout au long d'une traque haletante, l'intrigue chemine à travers le destin d'un peuple qui, entre trahisons et promesses non tenues, a raté son rendez-vous avec l'histoire.

mercredi 29 septembre 2010

Sura, l'exode à l'envers




A l'inverse de son père, un Palestinien déraciné qui a vécu l'exode depuis 1948, Sura remonte l'histoire de son peuple, étape après étape. Elle est issue d'une famille riche et bourgeoise de Jaffa, qui a fini dans la déchéance des camps palestiniens du Liban, à la fin des années 70. A l'instar de cette lignée sacrifiée par la guerre et l'exode, elle quitte le confort parisien pour rencontrer le long de son chemin la peur, la misère et la mort.

Au cours de ce voyage dans le passé, Sura revisite l'espoir de cette génération de nationalistes. Mais, chemin faisant, elle découvre aussi leurs rivalités, leurs trahisons et les occasions manquées qui ont fait rater aux Palestiniens leur rendez-vous avec l'histoire.

En remontant progressivement le fleuve de l'exode, passant d'un pays à l'autre, elle reproduit en contrepoint l'itinéraire de son père. Activiste palestinien pourchassé, il a sans cesse dû fuir et quitter le pays dans lequel il croyait avoir enfin trouvé refuge. Comme lui, qui a dû mentir et trahir pour quitter le Liban dans lequel il était voué à une mort certaine, Sura doit à son tour tromper ses partenaires pour parvenir jusqu'au bout de sa quête. Enfin arrivée au terme de son voyage, c'est elle- sans le vouloir- qui condamne finalement son père à la mort qui l'attend.

lundi 27 septembre 2010

Attentat à Amman


Trois détonations retentirent dans la nuit, et il s'écroula instantanément, les mains contre la portière de la Nissan. Les trois balles étaient parties de l'autre côté de la rue, où se trouvaient deux hommes embusqués derrière une BMW, armés de fusils d'assaut et la tête recouverte de cagoules sombres. Il leur fallut quinze secondes, pas une de plus, pour terminer le travail. Pendant que l'un des deux hommes démarrait la BMW, l'autre s'approcha de la Nissan, une bouteille en plastique à la main. Il la vida sur la vieille japonaise, sans même prêter attention au Français qui gisait maintenant au pied de la roue. Il embarqua à son tour dans la BMW, qui avait déboîté en contournant la Peugeot, elle toujours stationnée au milieu de la rue. Avant que son comparse ne démarre en trombe, il jeta une cigarette allumée sur la voiture.

samedi 25 septembre 2010

Rendez vous place Saint-Michel


Dans la masse de silhouettes sombres qui s'étaient agglutinées sous un réverbère de la place Saint-Michel, une jeune femme effectuait des allers-retours en frappant des talons sur le trottoir pour se réchauffer. Elle avait la tête rentrée dans les épaules et le téléphone portable collé contre l'oreille :
- Arrête de t'inquiéter maman, il n'y aucun risque à prendre le RER, même à 11 heures du soir ! Je serai là avant minuit, et je te promets que j'irai t'embrasser dans ton lit avant que je me couche. Si tu ne dors pas déjà !
- Avec tous ces attentats, tu sais très bien que je ne dormirai pas tant que tu ne seras pas rentrée. Appelle-moi quand tu t'apprêtes à monter dans le train, et dis-moi à quelle heure tu dois arriver... à peu près.
- Je suis à Saint-Michel. Malik me raccompagnera au RER, et c'est direct jusqu'à Antony. Et les attentats, tu sais, ils ne se passent pas en France. Il n'y a aucun souci à se faire, mais je t'appellerai pour te rassurer. Je t'aime, maman ! Sura rangea le téléphone dans son sac, puis se mit à balayer son regard dans la foule qui se pressait autour de la fontaine. Elle aimait cette place où se donnaient rendez-vous les étudiants avant d'aller passer la soirée dans les bars de la Rive Gauche.

vendredi 24 septembre 2010

Sidi Bou Said


Elle pointa son index sur un écran 20 pouces qui se trouvait devant elle. On y voyait un couple à une terrasse de café en bord de mer, un soir d’été, en train d'admirer la vue en direction du large. Ils étaient debout, l'homme de dos, la femme de profil. Le café était constitué de sortes de terrasses superposées qui épousaient la forme de la colline descendant vers la mer. Juste en-dessous, d’autres estivants buvaient un verre sous des parasols. Au loin, en contrebas, un entrelacs de quais et de yachts blancs indiquait un port de plaisance. Une vraie photo de magazine, la netteté en moins.
Elle commenta :
- Voilà Hamza ! Oui, je sais, il est de dos ! Mais c'est la meilleure photo, sur l'autre on n'a vraiment rien à exploiter. La fille est identifiable, son visage étant de profil. La photo a été prise avec un appareil 24-36 de piètre qualité. Elle est mal cadrée. On a l'impression que le photographe, qui était en surplomb, a déclenché à l'insu des sujets. En tous cas, ils ne posent pas. Regardez, ils ont dû bouger…
Chloé s'interrompit pour désigner un des bras de la jeune fille, légèrement flou. Les deux hommes s'approchèrent de l'écran en hochant la tête. Franck demanda :
- Alors on sait où ça a été pris, en Tunisie ?
- Sidi Bou Saïd, ça vous dit quelque chose ? C’est une station balnéaire réputée. Notre agent à Tunis a reconnu les lieux dès qu’il a vu la photo. Il s’est rendu sur place pour trouver de quel endroit elle a été prise… Ce café s’appelle Sidi Chabaane, c’est là qu’on emmène une jeune fille qu’on veut impressionner. Vous ne feriez pas ça, Messieurs ?

jeudi 23 septembre 2010

traversée de Jérusalem




Jean et Simon enfilèrent leurs blousons, puis remontèrent à grandes enjambées toute la via Dolorosa, passant devant l’église du Saint Sépulcre, pour sortir de la vieille ville par la Porte de Jaffa. Tout en marchant, les deux hommes tentèrent de déceler autour d’eux un signe qu’il venait de se passer quelque chose.
Mais non, pas d'agitation dans les rues, rien sur l'écran d'Al-Jazira, aperçu à travers la vitre d'un café ou une poignée d'Arabes fumaient leur chicha. Ils traversèrent le petit jardin du Artist’s Colony, et remontèrent la rue qui menait à l’hôtel King David, pour arriver devant le gendarme de faction au consulat général. Jérôme Brioude, le chef du poste DGSE local, descendit aussitôt les chercher.
- Il s’est passé quelque chose. Je vous emmène chez le Consul Général, il souhaite vous rencontrer.
Sortant du sas de sécurité, il leur fit contourner le long bâtiment par la droite en passant par un magnifique jardin. Le bureau du Consul général était situé dans l’aile du bâtiment. Tout compte fait, pensa Jean, c’était mieux de ne pas monter à l'antenne DGSE. Officiellement, il était fonctionnaire des Nations-Unies.

mardi 21 septembre 2010

fuite à Naplouse

Naplouse, ville du nord de la Cisjordanie, entourée de montagnes.C'est un moment-clé de l'histoire. Sura va y chercher refuge en même temps qu'elle part y chercher la trace de son père. Elle se sait recherchée, surveillée, épiée. Pour quoi? Dans l'entrelacs de ruelles de la vieille ville se chevauchent des agents français, des militaires israéliens et des criminels attirés par l'appat du gain

" Le ciel s’était obscurci quand Walid Touqan gara sa voiture sur la place centrale, à proximité de la vieille ville. D’immenses nuages noirs avaient envahi le ciel, ne laissant plus guère de chance à la lumière d’éclairer ce qu’il restait de jour.
- Nous allons avoir une belle tempête, prédit le restaurateur.
Les immenses carrures du père et du fils encadraient la frêle silhouette de la jeune Française, qui disparaissait dans une longue tunique sombre qu’elle avait récupérée au restaurant. Ils s’engouffrèrent dans les ruelles pavées de la vieille ville. Un vrai labyrinthe. Le père Touqan s’arrêta pour demander son chemin à un boutiquier qui était en train de descendre son rideau de fer. Celui-ci lui désigna une croix métallique perchée sur un dôme ovale qu’on apercevait au-dessus d'une enfilade entre deux rangées de maisons. Le quartier chrétien devait commencer là-bas. Il en profita pour lui demander pourquoi tous les commerçants fermaient leurs échoppes, alors qu’il était à peine18 heures.
- On annonce une incursion de la police israélienne. Ça fait trois soirs qu’ils viennent par ici, pour rechercher un jeune. L’autre jour, ils m’ont brisé la vitrine avec une balle perdue. Ça suffit comme ça.
Un vent froid annonciateur d’orage leur souffla au visage pendant qu’ils pressaient le pas en direction de l’église Djami-el-Rebir. Des câbles électriques se balançaient avec un bruit sinistre. La rue al-Ludd était juste derrière. "

dimanche 19 septembre 2010

amman

" Amjad avait un ton très apaisant. Il prenait des risques pour sa propre carrière en venant la voir.
- Je vais t'emmener dans le quartier du premier cercle. C'est un endroit sympa avec des vieilles maisons ottomanes et une belle vue sur la basse ville. Tu ne connais pas Amman?
- Non, je ne suis jamais sorti pour l'instant, avoua Sura un peu honteuse. Amjad gara la voiture devant un magasin d'antiquités, puis les deux se rendirent en marchant vers un café auquel on accédait en descendant un étroit escalier gardé par deux molosses. Ils s'assirent à une table face à une immense baie vitrée d'où on voyait en contrebas les lumières de Jabal Lwebdeh qui scintillaient. "

vendredi 17 septembre 2010

le destin d'une famille palestinienne

"Ahmed, le père de Sura, était né en 1944 à Jaffa. Avec ses parents, il avait été pris en tenaille dans les tensions qui agitaient cette région de la Palestine. Sa famille avait assisté à l'arrivée massive des Juifs traumatisés par les persécutions et la barbarie, et à leur installation sur une terre qu’on leur avait promise. Elle avait été témoin de la montée des tensions et de l'incapacité de l'administration britannique à y faire face. En 1948, lorsque cette fragile mosaïque de Jaffa avait explosé, la famille d’Ahmed – à l’image de tout un peuple- fut propulsée par une gigantesque onde de choc de la Méditerranée jusqu’au Jourdain. "

....

Sura se met en quête sur les chemins de Palestine, et retrouve la trace de sa famille....


"- Tes recherches ne mèneront à rien. La Palestine dont ton père t’a parlé n’existe plus. J’ai presque tout effacé de ma mémoire, volontairement ou non. Quant à Jaffa, je n’y ai jamais habité, et ton père y a vécu à peine cinq ans. Je me demande si tout cela a vraiment existé !
Sura protesta :
- Jaffa a existé, je te le promets ! J’ai rencontré une sœur qui a enseigné à l’Ecole Saint Joseph de l’Apparition. Ta mère y allait quand elle était petite, c’est bien ça ? Et j’ai vu Redona, la maison Dajani. On ne peut pas tout effacer comme ça ! Il y a tant de choses ici qui me ramènent à la famille, je ne peux pas m’empêcher de courir après notre passé. Et tu sais, il y a encore plus troublant : j’ai appris que quelqu’un était sur les traces de papa. En Jordanie, des archives qui le concernent ont été consultées récemment. Maman, je sais qu’il est en vie, pas loin d’ici. J’en ai l’intime conviction, et je ferai tout pour le retrouver. J’ai besoin que tu m’aides, maman. Aide-moi à comprendre ce qui s’est passé, pendant toutes ces années !"

la DGSE

La Direction générale de la sécurité extérieure( DGSE) est le service de renseignement extérieur de la France. La direction des Opérations comprend le Service action dont les agents conduisent des opérations, souvent clandestines, à l'extérieur du territoire national.
" Blachon renifla à nouveau, et fit un petit signe de la main pour signifier à Gilles qu'il pouvait reprendre le cours de son exposé:
- Nous avons retrouvé la trace de cette jeune fille, d'après cette photo, grâce au concours du ministère tunisien de l'intérieur: identité, dates d'entrée et de sortie, motif et lieu de séjour en Tunisie, ils nous ont tout donné…
- J'ai bien compris, un stage d'arabe à l'institut Bourguiba, fit Blachon avec l'air de celui qui sait tout.
- Oui. Et, grâce à cet institut, on a pu remonter jusqu'à la fac que fréquentait Sura en France à cette époque. En l'occurrence l'Institut des Langues Orientales, à Paris. L'INALCO. Grâce aux anciens fichiers de la fac, on a pu avoir les coordonnées de cette jeune femme. Elle n'a pas changé d'adresse au cours des 8 dernières années.
- Et alors, est-ce que vous êtes CERTAINS qu’elle n’ait pas gardé contact avec le terroriste présumé? interrogea Blachon avec cette fois une nette intonation. Sans attendre la réponse, il chuchota quelque chose de l'oreille du chef de cabinet. "

mercredi 15 septembre 2010

résumé du livre

Une série d'attentats ensanglante le Moyen-Orient au cours de l'hiver, ciblant tout particulièrement les intérêts français. Pourquoi les services secrets français s'intéressent-ils tant à une jeune documentaliste parisienne? Cette jeune femme sans histoires pourrait-elle les conduire vers la tête d'un réseau terroriste? Du jour au lendemain, là voilà propulsée au cœur d'un Moyen Orient en ébullition, où le danger surgit là où s'on y attend le moins. De la Jordanie au Liban, en passant par Israël et la Cisjordanie, l'enquête plonge dans les milieux nationalistes palestiniens, où les plus nobles figures côtoient d'authentiques criminels. Tout au long d'une traque haletante, l'intrigue chemine à travers le destin d'un peuple qui, entre trahisons et promesses non tenues, a raté son rendez-vous avec l'histoire.

Derrière ces collines, la Palestine!

"Pour se rendre au camp de Beqaa, il fallait prendre la route qui conduit à Jerash, en direction du nord. Dès qu'on quittait les hauteurs d'Amman, la route plongeait en serpentant au milieu des cultures maraîchères. La nuit était déjà en train de tomber, alors qu'il n'était que 17 heures. Vers l'ouest, les collines recouvertes de pins se découpaient en contre-jour sur un ciel rougeoyant des dernières lueurs du jour. Derrière ce bouclier de terre et d'arbres, c'était la Palestine, pensait Sura. Elle imaginait que son père avait dû emprunter si souvent cette route pour venir à Amman. Lui aussi, il avait dû tourner la tête vers ces collines qui le séparaient du pays qu'il avait laissé, de l'autre côté. Il lui avait tant livré de témoignages, il devait être obnubilé par les souvenirs, déjà à l'époque. Quel destin… Ahmed avait cinq ans quand la famille avait quitté Jaffa. Sa mère avait fui avec lui, seule. Seule, car son mari avait été arrêté par les Israéliens dès le déclenchement de la guerre. En fait, tous les jeunes Arabes de Jaffa avaient été enrôlés par les Israéliens, pour éviter qu’ils aillent grossir les rangs de la résistance. Le grand père de Sura avait été envoyé dans un kibboutz dans la région de Lydda, ou il épluchait des pommes de terre toute la journée."

mardi 14 septembre 2010

A l'approche du camp


Abou Brahim remonta sa vitre et redémarra tout doucement. Il dut donner des coups de volant pour contourner des groupes d’hommes agglutinés par paquets au milieu de la route. Sura devina l’entrée du camp aux drapeaux palestiniens érigés en hauteur, à côté de portraits du cheikh Yacine et d'Hassan Nasrallah en turban noir. Il y avait aussi d’autres portraits d’illustres inconnus qui avaient du finir leur vie en cibles mobiles des roquettes israéliennes. Enfin, alors qu’ils arrivaient à une dizaine de mètres de plusieurs hommes en armes, Abou Brahim immobilisa le véhicule.
- Encore des militaires ? s’inquiéta Sura.
- Non, ce sont des miliciens qui assurent la garde du camp, et je te garantis qu’ils ne plaisantent pas. Surtout, ne bouge pas de la voiture.
            Une fois sorti, le cheikh barbu verrouilla la voiture d’une pression sur la télécommande. Quand ils le virent s’approcher, deux miliciens le braquèrent avec leurs fusils d’assaut. Ils étaient vêtus dans des tenues militaires dépareillées, barbus et coiffés de keffiehs blancs et noirs. Ils le tâtèrent de haut en bas, pour s’assurer qu’il ne portait pas une ceinture d’explosifs sur lui.

les murs de Jéricho


La route de Jéricho était familière aux Français. Depuis leur arrivée en mission à Jérusalem, ils avaient fini par trouver que Jérusalem était une ville étouffante. Au-delà de la magie de la ville sacrée, au-delà des pierres qui transpiraient les millénaires de souffrances et de dévotion, on se sentait vite à l'étroit entre des communautés qui se frôlaient mais qui ne se mélangeaient pas. Du coup, le week-end, comme beaucoup expatriés européens, ils se rendaient souvent à la mer morte pour gagner quelques degrés de température, et se soustraire à la tension ambiante. Ce n'était pas pour rien que Jéricho avait été appelée Palmenstadt par les orientalistes allemands. Aujourd'hui, la ville entourée de miradors et de barbelés était bien loin d'être une oasis, mais la trouée du Jourdain lui donnait un goût de liberté. Jean se dit qu'un jour peut être, d'autres trompettes feraient s'effondrer les murs de cette citadelle de palmes.

Sura, l'exode à l'envers

A l'inverse de son père, un Palestinien déraciné qui a vécu l'exode depuis 1948, Sura remonte l'histoire de son peuple, étape après étape. Elle est issue d'une famille riche et bourgeoise de Jaffa, qui a fini dans la déchéance des camps palestiniens du Liban, à la fin des années 70. A l'instar de cette lignée sacrifiée par la guerre et l'exode, elle quitte le confort parisien pour rencontrer le long de son chemin la peur, la misère et la mort.

Au cours de ce voyage dans le passé, Sura revisite l'espoir de cette génération de nationalistes. Mais, chemin faisant, elle découvre aussi leurs rivalités, leurs trahisons et les occasions manquées qui ont fait rater aux Palestiniens leur rendez-vous avec l'histoire.

En remontant progressivement le fleuve de l'exode, passant d'un pays à l'autre, elle reproduit en contrepoint l'itinéraire de son père. Activiste palestinien pourchassé, il a sans cesse dû fuir et quitter le pays dans lequel il croyait avoir enfin trouvé refuge. Comme lui, qui a dû mentir et trahir pour quitter le Liban dans lequel il était voué à une mort certaine, Sura doit à son tour tromper ses partenaires pour parvenir jusqu'au bout de sa quête. Enfin arrivée au terme de son voyage, c'est elle- sans le vouloir- qui condamne finalement son père à la mort qui l'attend.

vendredi 10 septembre 2010

Jaffa! Jaffa!







La corniche de Tel-Aviv était bordée d’hôtels, de résidences de vacances, de restaurants. Une vraie ville balnéaire, comme on trouve sur la côte d’Azur. Elle longea un alignement de grands immeubles, puis les laissa derrière elle pour arriver à un petit promontoire qui s’avançait vers le large. En arrivant sur une place rectangulaire au milieu de laquelle était plantée une flèche pointue, elle reconnut la tour de l’horloge turque. Elle abandonna sa voiture dans une rue adjacente, et s’élança dehors, le cœur léger. Elle avait envie de hurler sa joie : enfin, Jaffa était là ! Elle avait remonté ce long fleuve de l’exode qui avait charrié ses limons jusqu’à Antony.
Sac sur le dos, baskets aux pieds, Sura se lança dans la ville. Elle sillonna les rues pendant deux heures, peut-être trois. La partie ottomane, le quartier de l’hôpital français et de l’église maronite, le quartier Ajami où se trouvait Redona, et le port. Elle était émue en parcourant ces lieux dont elle avait entendu parler. Émue aussi de constater que la ville était bien loin de l’image que ses parents lui avaient transmise. Ici, d’immenses résidences de luxe pour citadins fortunés ; là, le port où des yachts avaient chassé les bateaux de pêche ; enfin, les vieilles villas à la splendeur passée avaient été découpées en appartements.

jeudi 9 septembre 2010

Ma maison à Jaffa!

Sura lâcha de vagues explications à la religieuse, avant de suivre ses indications pour se rendre à la maison. Elle retrouva facilement l’église maronite, puis arpenta la rue numéro par numéro, sous le regard intrigué des passants. Sa photo à la main, elle inspectait les entrées, les balcons, les toits, les arbres avoisinants. Même si la maison avait été modifiée, certains détails architecturaux avaient bien dû subsister et devaient lui permettre de la retrouver... Elle avait sillonné la rue de l’église maronite dans tous les sens quand soudain elle tomba en arrêt devant un portail grillagé. Là, entre les barreaux, lui apparut un détail qui lui avait échappé jusque-là. Juste au-dessus de la porte principale, la dalle porteuse était recouverte d’une minuscule fresque. Indiscutablement, on reconnaissait les traits délavés d’un visage de femme. C’était Redona ! C’était elle, l’Albanaise qui avait inspiré l’architecte.

vendredi 3 septembre 2010

au souk d'Amman

            L'après-midi, Sura voulut s'occuper l'esprit. Se sentant incapable de visionner des vidéos chez elle, elle décida d’aller se changer les idées. Après trois minutes à attendre dans la rue Al-Mutanabbi, elle sauta dans un taxi.  Deux dinars la course, et elle était dans les ruelles de la vieille cité, enfoncées dans les entrailles des collines alentour, entre le théâtre romain et la Citadelle.

Elle avait l’impression de faire corps avec ce petit peuple de boutiquiers, avançant avec délice dans les effluves de viande grillée qui sortaient des bouis-bouis, les exclamations des vendeurs pour attirer les passants, sur fond de mélopées orientales et d’appels à la prière dans le lointain. Même les gamins qui la hélaient ne l’importunaient plus. Elle chemina hors du temps, dans les fumées et les bruits sortant de toutes parts. Elle acheta une paire de boucle d'oreilles à un vendeur à la sauvette avant d'entrer chez un Arménien qui vendait du verre peint et des photographies anciennes. C'est là, devant des images en noir et blanc de Jérusalem, que tout lui revint d'un seul coup : les attentats, Sami, la mission… Elle ne pouvait plus détacher son esprit de tout cela. 

jeudi 2 septembre 2010

France et Sura

France a tout compris de Sura: un désir d'Orient qui l'éblouit et l'enveloppe de sa lumière bleue, une appréhension avant de faire le pas dans le vide. Elle se dit: "Que vais-je trouver derrière ce minaret? Si le chant du muezzin se glisse dans mes tympans, pourrais-je lui résister? Et si la Palestine n'était pas celle que j'ai imaginée, de quelles couleurs seront mes rêves à mon retour?" Dans le cas où il y a un retour, car ce monde a l'air à la fois si attirant et si dangereux....
France perçoit tout du premier coup d'oeil, du premier coup de crayon.